Communiqués

Lettre d'opinion - N'oubliez pas les jeunes de la rue!

De tous les grands enjeux discutés présentement en campagne électorale, celui de l'hébergement jeunesse communautaire semble être relégué aux oubliettes. Cette campagne n’est donc pas différente des précédentes. À moins d’une histoire tragique, les ressources d’hébergement qui viennent en aide aux jeunes de la rue ou à risque de l’être font très rarement les manchettes.

Soyons honnêtes, une situation d’itinérance est souvent cachée ou invisible au premier regard. Comment savoir que ces jeunes sont abandonnés par leurs parents ou par le système? Que leur réseau de soutien s’est effacé au point où ils sont plongés dans une spirale de désaffiliation sociale?

Une ressource importante

Pour plusieurs, les ressources d’hébergement communautaire jeunesse représentent le seul rempart pour affronter la pauvreté, l’errance, la solitude et les nombreuses embûches qui se dressent dans la transition à la vie adulte. Sans elles, il ne reste plus que la rue. Pourtant, ces jeunes aspirent à mieux. Ils ont le potentiel de se mettre en mouvement afin d’avancer vers leur projet de vie et être des citoyens à part entière.

Avec des ressources communautaires dédiées et adaptées à leurs réalités, il est possible de les soutenir et de leur redonner le pouvoir d’agir.

Les jeunes vivant des difficultés ou en situation d’itinérance ne devraient-ils pas occuper une place importante dans les enjeux d’une campagne électorale? Nous avons déjà connu un Québec plus fou de ses enfants!

Le Regroupement des Auberges du Cœur du Québec (RACQ) et ses membres tiennent à prévenir l’itinérance et à sortir les jeunes de la rue, en hébergeant et soutenant plus de 3500 jeunes par année. Depuis plus de 40 ans, ces maisons d’hébergement jeunesse communautaire sont à pied d’œuvre, 24 heures par jour et 7 jours par semaine, pour leur offrir le gîte et le couvert, une écoute active et de l’accompagnement personnalisé.

Manque de financement

Leur expertise n’est plus à prouver ; elles sont citées plus d’une dizaine de fois dans le rapport de la commission Laurent sur la DPJ, les partenaires du milieu reconnaissent leur travail et leur mission comme essentielle dans la lutte à l’itinérance des jeunes. Alors pourquoi devons-nous travailler, depuis près de 40 ans, avec la pression constante occasionnée par le manque de financement?

Des services sont coupés dû au manque de personnel, des lits fermés, des jeunes laissés à la rue le temps que se libère une place potentielle. Quand nos compétiteurs en emploi offrent des salaires plus élevés que le meilleur salaire qu’on puisse offrir, on ne peut pas en vouloir aux intervenants de chercher à améliorer leurs conditions. Après tout, eux aussi ont des loyers non abordables à payer!

Nous avons des années de rattrapage financier à faire. Pour l’an passé uniquement, le manque à gagner atteignait 25 M$ pour les 31 Auberges du cœur. En tout, il y a 47 maisons d’hébergement communautaire jeunesse reconnues par le gouvernement du Québec et aucune n’est financée à la hauteur de ses besoins.

Des investissements de 5 M$ ont été annoncés en mars dernier et nous les saluons. Il s’agit d’un montant historique pour l’hébergement communautaire jeunesse. Or, ce montant ne permet pas de rattraper un manque à gagner tout aussi historique. Dans toutes les catégories d’hébergement, celle destinée aux jeunes reste la moins soutenue.

Nous nous adressons aux partis politiques en campagne pour leur dire: n’oubliez pas les jeunes en situation d’itinérance ou à risque de l’être! N’oubliez pas l’hébergement communautaire jeunesse! Nous croyons que chaque jeune qui entre s’en sort et pour y arriver, vous devez avoir cette volonté politique de nous appuyer.

Paule Dalphond, directrice générale du Regroupement des Auberges du cœur du Québec

Sébastien Lanouette, directeur de Ressources Jeunesse de Saint-Laurent Inc. et vice-président du Regroupement des Auberges du cœur du Québec

Télécharger en version PDF