Le Nouvel An arrive et les Auberges du cœur du Québec souhaitent exprimer leurs vœux.
L’année 2023 est à nos portes et apporte avec elle l’espoir. Celui de trouver un logement abordable, de pouvoir faire l’épicerie, de poursuivre des études, avoir un travail valorisant, mais surtout l’espoir de réaliser ses rêves.
Ces espoirs sont partagés par les jeunes accueillis dans les Auberges du cœur, mais aussi par une large part de la jeunesse québécoise. Une jeunesse qui espère s’établir et créer des liens avec ses pairs. Trouver du soutien dans les moments difficiles. D’être une partie prenante de la collectivité. Ces vœux sont leur espoir en l’avenir et ils devraient refléter ceux de notre société. Ces jeunes sont notre avenir au présent, avec des talents qui n’ont malheureusement pas eu la chance d’émerger. Il leur suffit parfois d’un simple coup de main ou d'une tape dans le dos et, pour d’autres, d’un accompagnement plus soutenu. N’avons-nous pas les moyens de les soutenir alors que l’économie malmène leur condition de vie?
La situation est critique. Nous sommes en train de craquer.
Besoin criant de financement
Les Auberges du cœur sont présentes depuis plus de 40 ans et leur modèle d’intervention fonctionne. Elles sont des actrices importantes dans la prévention et la lutte à l’itinérance jeunesse, dans le soutien aux jeunes, les accompagnant après une prise en charge de la DPJ.
Notre vœu est simple, il suffirait de nous soutenir financièrement à la hauteur de nos besoins afin d’accomplir pleinement notre mission!
Parce que nous soutenons ces jeunes trop souvent oubliés, rejetés et parfois forcés vers la rue, nous souhaitons que les Auberges puissent opérer sans devoir fermer des lits par manque de ressources humaines, voire de fermer tout court par manque d'un soutien public adéquat. Toutes espèrent offrir des salaires décents à leurs employés, professionnels et dévoués, qui se donnent sans relâche pour des jeunes laissés de côté. Ces mêmes travailleurs qui bouclent difficilement les fins de mois.
Nous voyons venir les prochains mois avec beaucoup d’appréhension. Les jeunes soutenus par les Auberges du cœur sont, comme plusieurs autres au Québec, vulnérables face à l’inflation. Si la précarité financière de ces ressources compromet leur capacité d’action, qu’adviendra-t-il d’eux ?
Les Auberges ont eu, comme plusieurs organismes communautaires jeunesse du Québec, à puiser dans leurs réserves. Souvent au prix de leurs employés qui n’arrivaient plus à encaisser les longues heures et les longues semaines dues au manque de personnel. Car oui! La pénurie de main d’œuvre touche aussi, et encore plus durement, le milieu communautaire.
Renforcer le filet social
«Parce que chaque jeune compte!»
Cette phrase clé, c’est vrai! Mais encore faut-il s’en préoccuper vraiment. La situation actuelle nous laisse voir une crise d’une ampleur encore inégalée. Sans une réelle reconnaissance et un soutien financier dignes du travail que font tous ces organismes pour maintenir un filet social déjà fragilisé, ce sont des milliers de jeunes qui en paieront la note.
Nous souhaitons que ce message soit entendu avant qu’une catastrophe n'arrive. Nous souhaitons que les choses bougent avant que ne se reproduisent des situations dramatiques.
Ce cri du cœur doit trouver écho. Depuis trop longtemps, nous crions sans être entendus. Cette énergie devrait servir à notre mission, pas à notre survie.
Paule Dalphond
Directrice générale du Regroupement des Auberges du cœur du Québec