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Mémoire - Lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale en tenant compte des jeunes

Déposé le 30 juin 2023 au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale du Québec dans le cadre des consultations sur le 4e Plan d'action gouvernementale en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. La version PDF se trouve au bas du texte.

Introduction

Depuis plusieurs années, la question de la pauvreté et de l'exclusion sociale sont des défis majeurs auxquels notre société doit faire face. Le gouvernement du Québec reconnait l'importance de lutter contre ces problématiques et s'engage à élaborer un quatrième plan d'action gouvernemental visant à améliorer la situation des personnes les plus vulnérables.

Ce mémoire porte le compte rendu des 32 Auberges du cœur et une écoute attentive des besoins des jeunes qui portent sur cinq (5) moyens d’action.

Le premier est un soutien au revenu suffisant pour que tout le monde puisse couvrir ses besoins essentiels. Il est crucial de garantir un filet de sécurité adéquat pour assurer une vie digne à tou·te·s les jeunes en leur permettant de subvenir à leurs besoins de base tels que l'alimentation, le logement et les soins de santé.

Le deuxième est de promouvoir des services publics universels, de qualité et accessibles. L'accès à des services de santé physique et mentale, de l'éducation, les services sociaux et l'emploi est fondamental pour briser le cycle de la pauvreté et offrir des opportunités égales à tou·te·s les citoyen·ne·s, notamment aux jeunes.

La réduction des inégalités entre les riches et les pauvres constitue le troisième moyen que nous recommandons d'intégrer. Il est essentiel de mettre en place des politiques et des mesures visant à réduire les écarts de revenus, à favoriser une redistribution équitable des richesses et à créer un environnement propice à la mobilité sociale.

Le quatrième consiste à garantir un logement réellement abordable, salubre et répondant aux besoins des personnes et des familles. L'accès à un logement décent et sécuritaire est un droit fondamental, et il est impératif de prendre des mesures concrètes pour résoudre la crise du logement et prévenir l'itinérance.

Enfin, le cinquième propose de soutenir les jeunes et les familles à travers des mesures telles que la scolarisation, la création d'espaces de socialisation et de jeu, ainsi que des solutions d'hébergement adaptées. Investir dans l'avenir de la jeunesse et offrir un soutien adéquat aux familles permettra de briser le cercle intergénérationnel de la pauvreté.

Ce mémoire mettra en évidence l'importance de ces cinq moyens et présentera des recommandations spécifiques pour les intégrer de manière efficace dans le quatrième plan d'action gouvernemental. Nous sommes convaincus qu'en mettant en œuvre ces mesures, le gouvernement du Québec pourra véritablement progresser vers une société plus inclusive, équitable et solidaire.

Un soutien au revenu suffisant pour couvrir les besoins essentiels

Un soutien adéquat au revenu est essentiel pour garantir que tout individu puisse couvrir ses besoins essentiels, tels que le logement, la nourriture, les vêtements, le transport, les soins de santé physique et mentale, l'éducation, les frais de garde, les loisirs et autres. Lorsqu'un·e jeune ne dispose pas d'un revenu suffisant pour couvrir ses besoins essentiels, cela peut entraîner une série de conséquences néfastes. Parmi celles-ci :

  • Une augmentation du risque de judiciarisation, car les jeunes peuvent être tenté·e·s de s'engager dans des activités illégales pour subvenir à leurs besoins;
  • Une aggravation du bien-être émotionnel et mental, conduisant parfois à des problèmes de santé mentale plus graves, causé par l’angoisse et le stress liés à la précarité;
  • Un risque accru de décrochage scolaire, car ils et elles sont contraint·e·s de travailler (parfois à temps plein) ou de s'occuper de membres de leur famille pour subvenir aux besoins de base;
  • Davantage d’isolement social, car les jeunes peuvent se sentir exclu·e·s des activités sociales et des opportunités offertes à leurs pairs;
  • Une plus faible estime et confiance personnelle puisque les jeunes peuvent ressentir du désespoir et de l'impuissance face à leur situation financière, ce répercutant jusqu’à leur motivation à s'améliorer;
  • Des comportements de dépendance à la drogue et l’alcool, car certain·e·s jeunes cherchent à combler le vide émotionnel via ces substances;
  • Augmentation du risque de vivre des situations d'itinérance chez les jeunes lorsqu'ils et elles ne peuvent pas se permettre un logement salubre, abordable, sécuritaire et accessible, les exposant ainsi à des dangers et à des conditions précaires;
  • Augmentation des idéations suicidaires chez ces jeunes qui se sentent pris·es au piège dans un cycle de pauvreté et de désespoir.

De plus, un revenu insuffisant érige de nombreux obstacles pour le développement et le maintien d’une santé générale. Les jeunes ont du mal à trouver un·e médecin, un·e dentiste, un·e ophtalmologue ou d'autres spécialistes pour répondre à leurs besoins de santé sans devoir dépenser des sommes importantes rendant difficile l'accès aux services de santé. L'accès à une alimentation saine et variée, qui correspond à leur condition physique et à leurs préférences, peut également être compromise en raison de contraintes financières.

Enfin, le manque de revenu limite l'accès à l'éducation, à Internet et au matériel facilitant l'apprentissage. Les jeunes se retrouvent désavantagé·e·s dans leur parcours éducatif en raison du manque de ressources financières, notamment pour l’achat de livres et de fournitures scolaires ou pour accéder à des ressources en ligne essentielles à leur apprentissage, compromettant leurs perspectives.

Pour les jeunes, un revenu suffisant réduit le risque d'endettement excessif et permet une meilleure gestion budgétaire. Il offre la possibilité d'épargner pour faire face aux imprévus et développer des projets de vie à long terme. Un soutien adéquat au revenu réduit l'isolement social et favorise une participation active des jeunes dans la société. Il contribue à la réduction de la judiciarisation et à l'amélioration de la santé physique et mentale.

En somme, un soutien adéquat au revenu permet de garantir la dignité et la sécurité financière pour tou·te·s les jeunes, tout en contribuant à la réduction des inégalités sociales et à la construction d'une société plus inclusive et prospère.

Nous recommandons
  • un processus d’admission au programme d’aide sociale plus simple et plus juste;
  • un rehaussement du montant des prestations d’aide sociale à un barème plancher permettant des conditions de vie décentes, y incluant les droits de se loger, de s’alimenter, de se vêtir et de se soigner convenablement;
  • un rehaussement des protections publiques avec des critères d’admissibilité assouplis -notamment des politiques de soutien au revenu de base qui durent dans le temps, contrairement aux chèques ponctuels – pour assurer à tou·te·s un revenu au moins égal à la mesure du panier de consommation (MPC);
  • que le salaire minimum soit représentatif du coût réel de la vie, en tenant compte de la crise du logement (minimum de 18$/heure selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté);
  • des crédits d’impôts adaptés à chaque situation plutôt que des baisses d’impôts qui ne profitent pas aux plus vulnérables;
  • un élargissement des critères d’admissibilité au Programme de supplément de loyer (PSL),particulièrement pour les jeunes et les familles.

Des services publics universels, de qualité et accessibles

Le système de santé public - et les services de soins médicaux - du Québec n’est pas adapté aux jeunes vulnérables et en situation de pauvreté. Les délais d’attente dans pratiquement toutes les sphères de la Santé et des Services sociaux entravent leur accès rapide aux services et traitements appropriés. Devant l’incapacité à débourser les sommes dans le secteur privé, ces jeunes doivent non seulement attendre plusieurs mois, voire des années, pour recevoir des soins, mais aussi composer avec des limites de temps ou de séances dans leur parcours thérapeutique ou de rémission.

Cela est particulièrement préoccupant pour les soins de psychothérapie alors que le rythme des jeunes n’est pas réellement respecté, particulièrement pour ceux et celles qui rencontrent des difficultés à s'exprimer, qui ont besoin de temps et de soutien continu pour pouvoir partager leurs problèmes et leurs émotions.

Les services d'urgence sont aussi touchés par les délais d'attente trop longs, même pour les jeunes en crise, ce qui compromet parfois leur intégrité physique et mentale. À cela s’ajoute le roulement constant du personnel dans les services publics, affectant la qualité des services, car il brise le lien de confiance qui peut s’être établi entre les jeunes et les professionnel·le·s de la santé.

L’accès à des spécialistes est souvent limité, ce qui signifie que les jeunes ne reçoivent pas toujours les soins spécialisés dont ils et elles ont besoin pour traiter leur condition de manière adéquate. La tendance que nous observons depuis plusieurs années quant consultations rapides effectuées par des médecins généralistes qui se terminent bien souvent par un diagnostic équivoque et une prescription est inquiétante.

La situation est encore plus complexe lorsque les jeunes proviennent de familles à faible revenu. L’accès à la médication devient un défi sans les sous pour couvrir les coûts et qu’aucune assurance médicale n’aide à assumer les frais. De plus, le suivi médical et la continuité des soins après le diagnostic peuvent faire défaut, ce qui compromet l'efficacité des traitements et le rétablissement des jeunes. C’est d’autant plus inquiétant que les traitements alternatifs à la médication sont difficilement accessibles pour ils et elles.

La disparité de services entre les régions se fait également sentir, ce qui crée des inégalités d'accès aux soins selon le lieu de résidence. Certaines régions offrent moins de services que d'autres, rendant plus difficile pour les jeunes l’accès aux soins appropriés dans leur propre communauté. Le manque d'accès à un médecin de famille et la difficulté à renouveler leur médication sont des problèmes supplémentaires qui entravent la continuité des soins.

Les jeunes sont également confronté·e·s à des difficultés lors de la transition à la vie adulte. Ils et elles perdent souvent leur suivi médical et n'ont pas accès à des services de transition appropriés pour les aider à gérer cette période critique de leur vie. De plus, ils et elles peuvent perdre des services en changeant de territoire, ce qui ajoute une couche supplémentaire de complexité à leur situation.

Nous recommandons
  • une réduction des délais d’attente pour les services de santé physique et mentale par un réinvestissement dans les services publics et le milieu communautaire;
  • la gratuité des services d’aide et de soutien psychosociaux et alternatifs à la médication psychiatrique et que l’accès à ces services ne soit pas conditionnel à un diagnostic en santé mentale ou au statut socioéconomique;
  • la mise en place un continuum de soins (la continuité relationnelle, informationnelle et la continuité d’approche) qui favorise le maintien du lien avec les jeunes;
  • un plan réaliste et concret permettant une augmentation du nombre de professionnel·le·s spécialisé·e·s;
  • la mise en place de services de soutien des jeunes dans leur transition vers la vie adulte et maintenue au-delà de l’âge de la majorité;
  • la reconnaissance et le soutien des initiatives du milieu en matière de maintien et de retour aux études;
  • la gratuité scolaire jusqu’à l’université;
  • une harmonisation des services dans toutes les régions du Québec, tout en tenant compte des spécificités régionales.

Ces mesures contribueront à garantir que tou·te·s les jeunes du Québec bénéficient d'un accès équitable à des services publics de qualité qui répondent à leurs besoins de manière holistique et respectueuse.

La réduction des inégalités entre les riches et les pauvres

Les inégalités économiques se manifestent de différentes manières et ont un impact profond sur les jeunes et la société dans son ensemble.

Elles se traduisent par des disparités dans l'accès aux ressources et aux opportunités. Au quotidien, cela se manifeste par des écarts significatifs dans :

  • les conditions de vie,
  • les possibilités d'éducation,
  • les soins de santé physique et mentale,
  • l’accès à se loger convenablement,
  • et bien plus encore.

Les jeunes issu·e·s de milieux défavorisés ont souvent moins d'opportunités pour s'épanouir et réaliser leur plein potentiel, tandis que les personnes fortunées ont davantage de moyens pour satisfaire leurs besoins et aspirations.

Ces inégalités persistent pour plusieurs raisons. Les disparités dans la distribution des richesses et des revenus sont amplifiées par des politiques économiques favorisant les plus riches, des systèmes fiscaux inéquitables ou des pratiques discriminatoires dans le marché du travail. Des barrières structurelles, telles que le manque d'accès à l'éducation de qualité, les discriminations raciales ou de genre et les difficultés d'ascension sociale, entravent la mobilité économique et renforcent les inégalités.

Nous recommandons
  • de reculer sur la récente baisse d’impôt afin de récupérer les sommes perdues par cette mesure et les réinvestir dans des mesures et des programmes d’aide aux personnes à faible revenu;
  • de reconnaitre que la lutte contre les inégalités est une question de justice sociale;
  • des politiques fiscales plus justes;
  • des actions pour lutter contre les discriminations et favoriser l’inclusion sociale;
  • d’appliquer les solutions fiscales et les mesures de contrôles des dépenses proposées par la Coalition Main rouge à l’automne 2021[1].

Ces recommandations ont pour objectifs pour créer un environnement propice à l'égalité des chances et à la justice sociale, pour construire une société plus équilibrée, prospère et harmonieuse.

Du logement réellement abordable, salubre et qui répond aux besoins des personnes et des familles

Le logement constitue un besoin fondamental pour chaque individu et famille et il est crucial qu'il soit réellement abordable, salubre et réponde aux besoins spécifiques de chacun·e. Pour qu'un logement soit considéré comme abordable, il est recommandé qu'il occupe un poids d’environ 25% du budget des foyers, conformément aux critères de des Offices municipal d'habitation.

Or, pour les jeunes accueilli·e·s dans les Auberges du cœur, ce pourcentage est largement plus important. Le phénomène semble s’être accentué depuis la pandémie de CoVid-19, mais déjà avant nous observons que des jeunes qui sont pourtant prêt·e·s à vivre en appartement n’ont tout simplement pas les moyens de se loger dans le parc locatif privé. Même en colocation, les coûts excèdent leurs capacités financières. Autrement, ils et elles sont contraint·e·s à occuper des lieux insalubres et peu adaptés à leurs besoins. En conséquence, ils et elles prolongent leur temps en hébergement, parfois jusqu’à la limite, faute d’autres options.

La fin du programme Accès Logis a laissé un vide dans l'offre de logements abordables, rendant difficile pour de nombreuses personnes de trouver un logement adapté à leurs moyens financiers. De plus, les démarches administratives pour accéder à un logement sont souvent lourdes et complexes, en particulier pour les jeunes qui rencontrent des obstacles supplémentaires comme l’historique de crédit, la présence d’un garant, la discrimination fondée sur l’âge, les préjugés et bien d’autres.

En ce qui concerne la salubrité, un logement doit offrir des conditions qui préservent la santé physique et mentale de ses occupant·e·s. Cela signifie qu'il doit être exempt de problèmes tels que l'humidité excessive, la présence de moisissures, les problèmes de ventilation ou les risques pour la sécurité. De plus, la taille du logement doit être adéquate en fonction du nombre de personnes qui y résident afin de garantir un espace de vie convenable.

L'absence de programmes d'accompagnement associés aux programmes de supplément de loyer (PSL) ou de logement social constitut un autre défi. Les jeunes ayant besoin d'un soutien supplémentaire pour maintenir leur logement se retrouvent souvent sans ressources et sont exposé·e·s à un risque accru de précarité résidentielle ou d’un retour en situation d’itinérance.

Par ailleurs, il est essentiel que les droits des individus à accéder à un logement soient respectés. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas puisque certain·e·s propriétaires ou agences immobilières discriminent certaines populations ou refusent des candidatures injustement dans un contexte où le nombre de logements sociaux souffre du manque de mise en chantier.

Les conséquences sont nombreuses pour les jeunes. Cela les plonge dans une précarité résidentielle qui peut entraîner des répercussions dévastatrices sur leur bien-être. Leur santé physique et mentale peut se détériorer en raison des conditions de vie précaires. Certain·e·s jeunes se retrouve même en situation d'itinérance, ce qui compromet davantage leur stabilité et leurs perspectives. De plus, l'impact financier du logement coûteux peut entraîner le décrochage scolaire, car les jeunes doivent souvent travailler à temps plein pour subvenir à leurs besoins.

Bien que des programmes tels que le Programme supplément au loyer (PSL) existent, il est important de noter qu'ils ne constituent qu'une aide temporaire et ne répondent pas toujours pleinement aux besoins des jeunes en matière de logement abordable.

Nous recommandons
  • des investissement massifs et urgents dans les logements sociaux;
  • le développement d'une offre de logements de transition, notamment sous la formule d’appartements supervisés, et un accompagnement adéquat aux jeunes qui y auraient recours;
  • la mise en place de programmes d’accompagnement pour assurer la stabilité résidentielle des personnes vulnérables;
  • la simplification des procédures administratives pour accéder aux logements sociaux;
  • l’amélioration et la bonification du Programme de supplément de loyer (PSL), notamment par l'extension des formules aux jeunes de la rue ou à haut risque d’itinérance en raison de leur profil d’itinérance épisodique;
  • le rétablissement d’Accès Logis;
  • une réglementation des loyers en ayant un barème de loyer pour les personnes et les familles à faible revenu;
  • accroître les pouvoirs des villes pour lutter contre les logements insalubres;
  • un encadrement du développement immobilier qui tient compte des besoins et réalités des personnes à faible revenu;
  • une offre d’accompagnement pour les personnes qui font des démarches au Tribunal administratif du logement(TAL);
  • un renforcement des mesures contre les rénovictions.

Prendre ces mesures concrètes peut garantir un accès équitable au logement abordable, salubre et répondant aux besoins des jeunes et des familles.

Soutenir les jeunes et les familles

Il est essentiel de soutenir les jeunes et les familles pour assurer leur bien-être, leur épanouissement et favoriser une société équilibrée. Cela implique d'investir dans différents domaines tels que l'hébergement communautaire, la scolarisation, les espaces de socialisation et de jeu, les approches de outreach et bien d'autres.

L'hébergement communautaire jeunesse est un levier essentiel dans la prévention et la lutte de l’itinérance chez les jeunes, dans la lutte à la pauvreté, dans la réaffiliation sociale et le soutien des jeunes et leur famille. Avoir un logement sécuritaire, abordable et adapté aux besoins des personnes et des familles est fondamental pour leur stabilité et leur bien-être. Les initiatives telles que les programmes de logements sociaux, les aides au logement ou les mesures de lutte contre l'itinérance contribuent à réduire les disparités en matière de logement et à fournir un soutien adéquat aux personnes et aux familles vulnérables. Pourtant, entre les besoins exprimés par les 32 Auberges du cœur du Québec et le soutien financier obtenu, le manque à gagner est d’environ 28 millions de dollars. Une somme qui permettrait à ces ressources ouvertes 24 heures par jour, et ce tout au long de l’année, de consacrer la totalité de leurs énergies à leur mission première : héberger et soutenir les jeunes vivant des difficultés ou en situation d’itinérance. Accompagner ces jeunes dans leur projet de vie : retour aux études, (ré)intégration au marché du travail, transition réussie vers la vie adulte, etc.

La scolarisation est justement un élément clé dans le soutien aux jeunes. Une éducation de qualité offre aux jeunes les outils nécessaires pour se développer intellectuellement, socialement et émotionnellement. Cela leur donne la possibilité d'acquérir des compétences et des aptitudes, de réaliser leur plein potentiel et de devenir des citoyen·ne·s actif·ve·s et engagé·e·s. Les initiatives telles que les programmes de lutte au décrochage scolaire, les écoles de la rue, les centres d’alphabétisation et d’éducation populaire, les tutorats ou les aides financières contribuent à garantir un accès équitable à l'éducation et à réduire les inégalités sociales.

Les espaces de socialisation et de jeu jouent également un rôle crucial dans le soutien aux jeunes et aux familles. Ces lieux offrent un environnement sûr et stimulant où les jeunes peuvent interagir, se divertir et développer leurs compétences sociales, émotionnelles et cognitives. Les maisons de jeunes, les programmes d'activités parascolaires, les clubs de jeunesse et les centres communautaires offrent des opportunités de socialisation, de loisirs et de développement personnel favorisant le bien-être et l'épanouissement des jeunes.

Le soutien aux jeunes et aux familles contribue à prévenir beaucoup de problèmes sociaux et à promouvoir la cohésion sociale. En investissant dans leur bien-être et leur développement, nous réduisons les risques de décrochage scolaire, de marginalisation, de délinquance et d'autres problèmes qui peuvent entraîner des conséquences difficiles pour la société dans son ensemble.

Nous recommandons
  • un rattrapage financier pour les maisons d’hébergement jeunesse communautaires afin qu’elles obtiennent une parité avec les maisons d’hébergement pour femmes;
  • l’injection de 460 millions de dollars dans le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC)[2];
  • la favorisation des projets mobilisateurs qui promeuvent les dimensions d’affiliation sociale, de développement des compétences et de la capacité d’agir des jeunes;
  • le développement des lieux de socialisation et de participation pour les jeunes, notamment les environnements dits « de milieu de vie »;
  • une offre de cours sur la gestion financière tout au long du cheminement scolaire;
  • bonifier et financer les initiatives de prévention et de lutte contre l’itinérance en adoptant une vision globale de ce phénomène et en reconnaissant les savoirs et les expertises des groupes communautaires autonomes.

Ces actions concrètes ont un impact significatif sur la vie quotidienne des personnes et contribuent à construire un avenir meilleur pour tou·te·s.

Conclusion

Nous considérons que ces recommandations représentent des leviers essentiels pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale de manière efficace et durable. Il est essentiel d'intégrer des mesures concrètes dans le prochain plan de lutte contre la pauvreté, en tenant compte de la problématique de l'itinérance chez les jeunes. La pauvreté et l'itinérance sont des réalités interconnectées qui nécessitent une approche globale et coordonnée pour être efficacement combattues.

Cela implique d'adopter des politiques de soutien au revenu adéquates, en garantissant que tou·te·s les jeunes aient accès à des ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins essentiels tels que le logement, la nourriture, l'éducation et les soins de santé. Il est également nécessaire de favoriser l'accès à des emplois décents et à des opportunités de formation afin de briser le cycle de la pauvreté et de permettre aux jeunes de réaliser leur plein potentiel.

En travaillant en partenariat avec les organismes communautaires, les établissements scolaires et les services de santé, il est possible de mettre en place des interventions ciblées pour prévenir la pauvreté et l'itinérance chez les jeunes et les accompagner dans leur émancipation.

En intégrant ces recommandations dans le plan de lutte contre la pauvreté, tout en reconnaissant l'interconnexion entre la pauvreté et l'itinérance chez les jeunes, nous pouvons aspirer à un avenir où chaque jeune a la possibilité de se réaliser pleinement, en bénéficiant de conditions de vie dignes, d'opportunités équitables et d'un soutien adapté à leurs besoins. La lutte contre la pauvreté et l'itinérance jeunesse est un enjeu essentiel qui demande une mobilisation collective et une volonté politique afin de créer une société plus inclusive, équitable et juste pour tou·te·s.

Résumé des recommandations

Pour un soutien au revenu suffisant pour couvrir les besoins essentiels, nous recommandons :
  • un processus d’admission au programme d’aide sociale plus simple et plus juste;
  • un rehaussement du montant des prestations d’aide sociale à un barème plancher permettant des conditions de vie décentes, y incluant les droits de se loger, de s’alimenter, de se vêtir et de se soigner convenablement;
  • un rehaussement des protections publiques avec des critères d’admissibilité assouplis - notamment des politiques de soutien au revenu de base qui durent dans le temps, contrairement aux chèques ponctuels – pour assurer à tou·te·s un revenu au moins égal à la mesure du panier de consommation(MPC);
  • que le salaire minimum soit représentatif du coût réel de la vie, en tenant compte de la crise du logement (minimum de 18$/heure selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté);
  • des crédits d’impôts adaptés à chaque situation plutôt que des baisses d’impôts qui ne profitent pas aux plus vulnérables;
  • un élargissement des critères d’admissibilité au Programme de supplément de loyer (PSL), particulièrement pour les jeunes et les familles.

Pour des services publics universels, de qualité et accessibles, nous recommandons :
  • une réduction des délais d’attente pour les services de santé physique et mentale par un réinvestissement dans les services publics et le milieu communautaire;
  • la gratuité des services d’aide et de soutien psychosociaux et alternatifs à la médication psychiatrique et que l’accès à ces services ne soit pas conditionnel à un diagnostic en santé mentale ou au statut socioéconomique;
  • la mise en place un continuum de soins (la continuité relationnelle, informationnelle et la continuité d’approche) qui favorise le maintien du lien avec les jeunes;
  • un plan réaliste et concret permettant une augmentation du nombre de professionnel·le·s spécialisé·e·s;
  • la mise en place de services de soutien des jeunes dans leur transition vers la vie adulte et maintenue au-delà de l’âge de la majorité;
  • la reconnaissance et le soutien des initiatives du milieu en matière de maintien et de retour aux études;
  • la gratuité scolaire jusqu’à l’université;
  • une harmonisation des services dans toutes les régions du Québec, tout entenant compte des spécificités régionales.

Pour une réduction de inégalités entre les riches et les pauvres, nous recommandons :
  • de reculer sur la récente baisse d’impôt afin de récupérer les sommes perdues par cette mesure et les réinvestir dans des mesures et des programmes d’aide aux personnes à faible revenu;
  • de reconnaitre que la lutte contre les inégalités est une question de justice sociale;
  • des politiques fiscales plus justes;
  • des actions pour lutter contre les discriminations et favoriser l’inclusion sociale;
  • d’appliquer les solutions fiscales et les mesures de contrôles des dépenses proposées par la Coalition Main rouge à l’automne 2021.

Pour du logement réellement abordable, salubre et qui répond aux besoins des personnes et des familles, nous recommandons :
  • des investissement massifs et urgents dans les logements sociaux;
  • le développement d'une offre de logements de transition, notamment sous la formule d’appartements supervisés, et un accompagnement adéquat aux jeunes qui y auraient recours;
  • la mise en place de programmes d’accompagnement pour assurer la stabilité résidentielle des personnes vulnérables;
  • la simplification des procédures administratives pour accéder aux logements sociaux;
  • l’amélioration et la bonification du Programme de supplément de loyer (PSL),notamment par l'extension des formules aux jeunes de la rue ou à haut risque d’itinérance en raison de leur profil d’itinérance épisodique;
  • le rétablissement d’Accès Logis;
  • une réglementation des loyers en ayant un barème de loyer pour les personnes et les familles à faible revenu;
  • accroître les pouvoirs des villes pour lutter contre les logements insalubres;
  • un encadrement du développement immobilier qui tient compte des besoins et réalités des personnes à faible revenu;
  • une offre d’accompagnement pour les personnes qui font des démarches au Tribunal administratif du logement (TAL);
  • un renforcement des mesures contre les rénovictions.

Pour un soutenir les jeunes et les familles, nous recommandons :
  • un rattrapage financier pour les maisons d’hébergement jeunesse
  • communautaire afin qu’elles obtiennent une parité avec les maisons d’hébergement pour femmes;
  • l’injection de 460 millions de dollars dans le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC);
  • la favorisation des projets mobilisateurs qui promeuvent les dimensions d’affiliation sociale, de développement des compétences et de la capacité d’agir des jeunes;
  • le développement des lieux de socialisation et de participation pour les jeunes, notamment les environnements dits « de milieu de vie »;
  • une offre de cours sur la gestion financière tout au long du cheminement scolaire;
  • bonifier et financer les initiatives de prévention et de lutte contre l’itinérance en adoptant une vision globale de ce phénomène et en reconnaissant les savoirs et les expertises des groupes communautaires autonomes.

Contact

Pour toutes demandes de renseignements ou pour plus d’informations, communiquez avec Paule Dalphond, directrice générale, 514 523-8559 poste 202.

[1] Version PDF en ligne disponible à cette adresse : https://www.nonauxhausses.org/wp-content/uploads/Tableau10milliardsdesolutions2021.pdf [visionnée le 22 juin 2023]

[2] Revendication phare de la campagne Engagez-vous pour le communautaire, menée par le RQ-ACA : https://engagezvousaca.org/accueil/les-revendications/ [visionnée le 22 juin 2023]

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